EUGENE DE KERMADEC – ET TOUT LE RESTE DU MONDE

Daniel-Henry Kahnweiler (1884-1979) et Maurice Jardot (1911-2002) ont toujours porté en haute estime l’oeuvre d’Eugène de Kermadec (1899-1976). Ce peintre a effectué un patient trajet du cubisme dont il a réinterprété les formes, et de la figuration à l’épure. Il a créé une peinture qui ne suit plus que le tracé des motifs et des sujets d’un point à un autre. Cette exposition et son catalogue sont l’occasion de révéler un grand peintre qui avait un protocole de création singulier. Il partait d’une photographie souvenir et pour conserver intact l’émotion face au sujet, il réalisait des séries d’aquarelles avant de choisir l’une d’elles qui servait d’étude à la peinture. Ces séries sont d’étonnantes variations qui permettent de comprendre comment un motif se lève et comment un sujet se déprend de l’observation pour ne devenir qu’un signe ou alors un signal. Eugène de Kermadec entre à l’École des Arts décoratifs en 1917, il intègre l’année suivante l’École nationale des Beaux-arts. Presque dix ans plus tard, Daniel-Henry Kahnweiler découvre trois compositions délibérément cubistes. Il fonde en lui de nombreux espoirs et l’intègre désormais à sa galerie d’avant-garde. Inclassable puisqu’il ne se situe pas dans le mouvement informel, ni ne correspond à l’expressionnisme abstrait, il synthétise néanmoins, avec délicatesse et inlassablement, les recherches du cubisme qu’il suit, pourrait-on dire, à la trace.